Fièvre : amie ou ennemie?
Apprivoiser la fièvre chez l'enfant
" La Fièvre est témoin, mais elle n'est pas complice." Hippocrate -
par Brigitte Lemieux, naturopathe
lemieuxbrigitte@hotmail.com Père de la médecine dans l'antiquité, Hippocrate considérait la fièvre comme une réaction bienfaisante qu'il fallait utiliser, car elle lui apparaissait comme un procédé naturel pour éliminer les déchets toxiques.3 Aujourd'hui, malheureusement, la fièvre est davantage perçue comme un ennemi que l'on doit absolument supprimer à grands coups d'antipyrétiques. Peut être deviendrait-elle notre amie si nous la connaissions mieux?
Mon pays, c'est l'hiver
Même si nous nous urbanisons sans cesse, nous demeurons intimement dépendants des rythmes de la nature. Bien que nous soyons aussi actifs en été comme en hiver, nous subissons, comme plusieurs êtres vivants, un ralentissement général lors de la période hivernale. Cet engourdissement naturel de notre organisme et par conséquent, de nos défenses immunitaires, nous rend plus vulnérable.
C'est ainsi que nos enfants, de plus en plus actifs et stressés (garderie, école, examens, sports, rythme de vie familial, etc.), épuisent rapidement leurs réserves de vitalité qui sont parfois mal entretenues. Le manque d'aliments frais, une alimentation raffinée, etc.) et un excès de graisses animales peuvent causer des carences en vitamines et minéraux. Avec un tel déséquilibre, bactéries et autres virus trouvent alors un " terrain " favorable à leur multiplication et colonisent, sans rencontrer beaucoup de résistance, gorge, nez, oreilles et bronches.3 C'est alors que la fièvre entre en jeu.
La fièvre, une alliée naturelle
La fièvre se définie comme une température corporelle anormalement élevée.1 Il est donc compréhensible que plusieurs parents considèrent leur enfant comme fiévreux dès que sa température dépasse la normale (37°C). Cependant, un grand nombre d'experts considèrent la fièvre comme une température au-dessus de 37,8°C (orale) ou 38,3°C (rectale).4,9
Lorsqu'un enfant a de la fièvre, c'est que son organisme se défend contre une agression soit extérieure, soit de lui-même. À ce moment, les cellules phagocytaires s'activent et, avec l'aide de substances pyrogènes, elles provoquent l'élévation de la température corporelle. Cette dernière permet aux globules blancs de se multiplier et de combattrent les bactéries, les virus et les autres toxines se trouvant dans l'organisme.3,4,5,12 Lorsque la fièvre se dissipe, le corps tente d'éliminer les toxines en provoquant une toux, un écoulement nasale ou une diarrhée.2
La fièvre n'est donc pas une maladie qu'il faut étouffer mais, simplement une sonnette d'alarme très utile ainsi qu'une défense active de notre organisme contre les agresseurs.3,4,5 Pour le Dr Richard Moskowitz(1), la fièvre est un des signes de santé chez un enfant puisqu'il s'agit d'une réaction de base devant n'importe quelle agression de l'organisme.2,12 Il est ainsi facile de comprendre que l'on ne doit pas refouler la fièvre par des médicaments car cela pourrait paralyser les défenses naturelles de l'organisme.3
La fièvre a fait l'objet de nombreuses études. Or, bien que la fièvre doive être suivie, on sait actuellement qu'on ne doit pas s'en inquiéter outre mesure jusqu'à 41°C car elle n'est habituellement pas dangereuse et ne cause pas de dommages permanents.3,12 Au contraire, une crise aiguë ne se produit que lorsque l'organisme n'est pas trop intoxiqué et encore résistant. C'est justement parce que le corps est suffisamment riche en vitalité qu'il réagit à la maladie (intoxication) par une fièvre assez violente qui le débarrassera de toute impureté.3 La fièvre bactérienne ou virale ne dépasse généralement pas 41°C. Les fièvres plus élevées, donc dangereuses, sont principalement causées par un empoisonnement ou un coup de chaleur. Celles-ci ont besoin d'une intervention extérieure, d'un antipyrétique.
Par contre, chez le petit poupon, la fièvre est alarmante et exige une consultation. Une infection consécutive à la naissance pourrait se déclarer sans qu'il n'y ait eu d'autres symptômes apparents. Par ailleurs, si la fièvre persiste plus de 3 jours, que d'autres symptômes apparaissent ou que l'état général de l'enfant se dégrade, consultez sans hésiter. Enfin, ce n'est pas une température élevée qui risque de créer les convulsions fébriles, mais plutôt une montée rapide, par exemple, passer de 37°C à 38,5°C en 2 minutes.12
Assister le corps dans sa guérison
En médecine conventionnelle, on enseigne aux médecins à traiter un symptôme dès qu'il apparaît. C'est pourquoi on prescrit souvent des médicaments pour faire baisser la fièvre chez les enfants.2 En thérapie alternative, le but du traitement est de supporter et d'accompagner le système immunitaire de l'enfant pour qu'il puisse apprendre à reconnaître et à répondre rapidement à n'importe quel organisme pathogène.2 Une telle approche se base sur la confiance dans les capacités organiques de notre corps à surmonter la maladie.3
En naturopathie, la première règle est d'alléger l'alimentation afin que le corps puisse garder ses énergies pour son auto-guérison plutôt que pour la digestion. Éviter donc les produits laitiers, les protéines concentrées (viandes, œufs, légumineuses) et les sucres raffinés (desserts, bonbons), car ils diminuent le pouvoir phagocytaire.3,6,12 Il est essentiel de faire boire l'enfant régulièrement (eau, tisane) afin d'éviter la déshydratation.3,4,6,12
Le Dr Smith recommande toutefois de limiter la consommation de jus de fruits à cause de leur grande concentration en sucre. Il favorise plutôt les jus de légumes dilués et les soupes. " Et si un jus de fruits doit être donné à l'enfant, affirme-il, diluez-le avec de l'eau. "2 Une autre façon d'hydrater l'enfant fiévreux est de lui donner un bain de 15 minutes, à une température confortable, 2 ou 3 fois par jour.4,6,12 Le repos est également indispensable à tout processus de guérison. L'enfant devra être orienté vers des activités calmes et agréables. Enfin, n'oublier pas de dorloter le petit malade. Il a tant besoin d'être aimé et cajolé.12
Une fois ces principes de bases respectés, il existe en naturopathie, une grande variété de suppléments nutritionnels qui stimulent le système immunitaire dans la guérison du malade.
Pour la fièvre, le Dr Lendon Smith (2) suggère les remèdes homéopathiques. Ceux-ci, affirme-t-il, sont efficaces, sécuritaires, économiques et n'ont aucun effet secondaire.2 Parmi les plus utilisés, on retrouve Belladonna, Aconit et Ferrum phosphoricum.2,10 Belladonna traite les troubles qui surviennent brutalement, tels une fièvre aiguë, la grippe, l'amygdalite et les maux de gorge. Aconit est utilisé au début d'une infection (rhume, maux d'oreilles, d'yeux ou de gorge) qui survient rapidement. Ferrum phosphoricum est très utile au début de l'inflammation, de la fièvre et de l'infection, avant l'apparition de tout autre symptôme.11
Le Dr Smith ajoute que plusieurs préparations à base d'herbes, non seulement stimulent le système immunitaire, mais agissent comme anti-microbien, tuant à la fois les bactéries et les virus. C'est pourquoi il croit que, dans plusieurs cas, les antibiotiques ne sont pas nécessaire.2 De plus, les antibiotiques combattent uniquement les bactéries et non les virus.2,3 Ceux-ci ne seront utile qu'en cas de réelle complication bactérienne.3 Parmi les plantes à privilégier il y a, tout d'abord, l'échinacée (Echinacea augustifolia et Echinacea purpura) dont certains constituants stimulent le système immunitaire lors d'agressions bactériennes et virales.2,11 Ensuite, il y a l'hydrastis (Hydrastis canadensis) qui contient de la berbérine, une substance ayant un effet antibactérien.11 Également, il y a le gingembre (Zingiber officinale) qui a la propriété d'élever la tension artérielle, de stimuler la transpiration et ainsi, de faire baisser la fièvre.11 Enfin, le sureau noir (Sambucus nigra) est efficace contre la toux, le rhume et la grippe.11 Il aidera également le corps à faire face à la fièvre mais, il ne la supprimera pas comme le ferait un antipyrétique chimique.2
La vitamine C est un excellent stimulateur du système immunitaire. Elle est très efficace et c'est probablement le premier remède qui devrait être donné, car il est très sécuritaire.2 Certains spécialistes prescrivent même la prise de plusieurs grammes de vitamine C par jour. Lorsque la dose optimale est assimilée, une diarrhée peut apparaître éliminant ainsi les surplus. On peut alors simplement réduire la dose.2,3 La vitamine C participe à la synthèse d'anticorps non-spécifiques, elle a également une action antibactérienne, antivirale et anti-infectieuse générale. C'est l'un des meilleurs anti-oxydants qui soient. Elle intervient dans la destruction des radicaux libres, lesquels perturbent profondément le système immunitaire. D'après Linus Pauling (Prix Nobel de médecine 1960), c'est une vitamine antitoxique qui permet l'élimination, à la fois des agents toxiques étrangers et des toxines organiques.3 La vitamine A et le Zinc nourrissent, eux aussi, le système immunitaire.2
Le propolis, un sous-produit de la ruche, possède une action antibiotique, bactériostatique et anti-microbienne.3,12 Il est donc fort utile en cas de maux de gorge, de refroidissement ou de grippe. Une simple prise de propolis accroît la production d'anticorps de 32 à 36%.3
Le Cuivre-Or-Argent (Cu-Au-Ar) est un oligo-élément qui est considéré comme un antibiotique naturel. En plus d'être un stimulant général, il augmente la résistance aux infections.12 Le Chlorure de magnésium (ClMg) possède également de grandes vertus. Il augmente l'activité phagocytaire des globules blancs de 333%, s'attaquant ainsi à tous les agresseurs de l'organisme, sans distinction.3,12 Cependant, il est contre-indiqué pour les personnes souffrant de problèmes rénaux.
Avec le temps, nous devons démystifier la fièvre et faire équipe avec elle puisqu'elle est notre première défense contre les agresseurs. Il est donc préférable d'assister la fièvre dans sa lutte plutôt que de la combattre, car nous risquerions d'aider l'adversaire. Enfin, il faut avoir confiance en l'immense sagesse du corps mais aussi en ses propres compétences en tant que parent et adulte responsable de nos enfants.
(1) Richard Moskowitz, M.D., Watertonw, Massachusetts
(2) Lendon H. Smith, M.D., 30 ans de pratique, Auteur de 13 livres dont Feed your kids right, Portland, Oregon
Références:
1) Marieb, Elaine N., Anatomie et physiologie humaine, Éd. du Renouveau Pédagogique Inc., 1993
2) Goldberg Group, Burton, Alternative Medicine: the Definitive Guide, Future Medicine Publishing Inc., 1999
3)
http://biogassendi.ifrance.com/biogassendi/grippe.htm4)
http://www.pharmaconseils.ch/archives/mal_hiver_99/fievre_h99/fievre.htm5)
http://www.auvervie.com/fievre/fievre01.htm6)
http://www.terre-et-vie.tm.fr/fiches/FMfievreenfant.HTML7)
http://www.allhealth.com/childrens/early/qa/0,4801,1570_121343,00.html Lockie, Andrew et Geddes, Nicola, Homéopathie : Encyclopédie pratique, Sélection du Reader's Digest, 1996
9) Chevallier, Andrew, Encyclopédie des Plantes Médicinales, Sélection de Reader's Digest, 1997
10) Arsenault, Céline, Soins à l'enfant : Guide pratique, Le Dauphin Blanc,1997
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